Eternal Sunshine
C'était son premier concert de ce genre, concerto, récital, il ne savait même pas l'appellation qu'avait ce genre de représentation ; elle, seule avec son violon, à transporter toute la salle, s'il devait avoir une appellation juste pour elle et ce qu'elle faisait naître en chacun avec son violon, ce serait "paradis". Sûrement une violoniste peu commune dans son monde même, avec son corsage rouge, sa longue juste noir, ses guêtres de dentelle rouge avec ces rubans qui sortaient d'on ne sait où et qui renvoyaient au vent tout les mouvements de son archet, ses cheveux bruns, remontés, laissant échapper quelques mèches sur sa nuque et autour de son visage. Les yeux clos presque à chaque instant, ressentant chaque accord plus fort que le précédent, de léger mouvement de son corps, elle dansait sur sa mélancolie. Elle était somptueuse, mystique, irréelle, tout bonnement magnifique.
Il était totalement subjugué par elle pendant le concert et maintenant qu'il était fini, alors que son ami le traînait dans les coulisses, la peur le gagnait. Peur d'être déçu ? Loin de là, peur de ne savoir que dire, de rester bouche bée devant cet être qu'il glorifiait déjà du nom de déesse, peur de paraître stupide, peur de toutes petites choses sans doute sans importance. Il savait que cela n'avait pas de raison d'être, après tout ce n'était qu'une jeune femme, sans doute n'était-elle pas beaucoup plus âgée que lui, voire même, peut-être plus jeune que lui, ce n'était qu'une fille normale qui jouait du violon, divinement. Il ne pouvait s'empêcher de se dire que malgré les apparences, pour lui, elle serait quelqu'un d'exceptionnel, même si elle se présentait devant lui en jeans et tee-shirt, il verrait toujours en lui cette fille, qui au premier accord de son violon l'avait pris, emmené dans un autre monde, elle l'avait fait voler jusqu'à la dernière note et même au-delà.
Un peu moins d'une demi-heure s'était écoulé depuis la fin du concert, elle aura sûrement fini de se changer, il ne savait même pas pourquoi il était là, son ami avait eu des passes pour les coulisses, mais une fois devant elle, que pourrait-il bien lui dire ? Ils s'approchaient de la loge, la peur ne put même pas prendre son chemin tortueux qui l'aurait fait stresser au fur et à mesure qu'il s'approchait de la porte, celle-ci s'ouvrit et elle sortit de là. Jeans et débardeur noir, finalement il n'avait pas si tort, c'était une fille comme les autres, souriante et belle. Elle posa, sur une table devant sa loge, un sac et l'étui où devait se trouver son violon et son archet. Elle rassembla deux autres sacs, des habits et quelques objets sur la table et elle commença à ranger. Plusieurs personnes passèrent près d'elle, de la distance qui les séparaient de la jeune femme, il pouvait entendre presque toutes ces personnes répéter ces mots : " c'était magnifique ". Il se retourna vers son ami, lui aussi l'avait remarqué, elle ne disait jamais merci, elle se retournait, souriait à la personne et reprenait son activité. Son sourire était trop sincère pour qu'on puisse croire qu'elle avait pris la grosse tête et qu'elle ne remerciait pas parce qu'elle pensait que personne n'était à même de pouvoir juger si ce qu'elle faisait été bon tellement elle était bonne violoniste, où une aberration du même genre, elle remerciait les gens du sourire et du regard. Ils s'approchèrent d'elle, lui dirent bonsoir et elle se retourna, elle regarda ces deux jeunes hommes, qui affichaient des sourires crispés, teinté même de perplexité.
- Vous ne dites jamais merci lorsque quelqu'un vous dit que votre concert était magnifique ? Il donna un grand coup de coude sur le bras de son ami, il n'en revenait pas avec quel peu de tact il débutait cette conversation. La jeune femme rit, visiblement cela l'amusa plus que ça ne la gêna.
- Non, c'est vrai. Je n'aime pas être hypocrite. Je ne doute pas de la sincérité des gens qui me le dise, mais je n'arrive pas à y croire, alors dire merci à un compliment qu'on ne croit pas… Je trouve cela hypocrite.
- Pourquoi vous n'y croyez pas ? Si ce n'est pas indiscret de vous le demander.
C'était à son tour à lui de parler, elle avait attisé sa curiosité et ce début de confession le mis en confiance, il oublia toute la peur qui le submergeait quelques minutes plus tôt. Elle fit un sourire et baissa les yeux, elle était vraiment touchante ainsi.
- A mon sens, le seul concert magnifique que j'ai donné c'était il y a trois ans, dans la chambre de ma mère, j'étais au violon et ma petite sœur chantait. J'étais encore débutante au violon, ma façon de jouer était vraiment médiocre et ma sœur n'avait que dix ans, sa voix n'était aiguë que par son jeune âge. C'était, je crois, la pire représentation de simili d'opéra qu'on ait jamais donné mais ma mère a mis toute la force qu'elle avait encore pour applaudire de toute son âme, elle nous a répété une centaine de fois que c'était magnifique, elle en pleurait tellement elle avait aimé… Quelque jour après elle décédait, et depuis, je crois, que je me refuse à croire ce compliment car je veux que ça reste son compliment à elle.
Elle releva les yeux vers les deux jeunes hommes, elle ne fut pas gêne de s'être confier ainsi à des inconnus, elle ne fut pas triste non plus de se rappeler la mort de sa mère trois ans plus tôt, elle sourit plus grand encore, avec une étincelle dans les yeux ; elle était heureuse.
- Alors là !
Les deux garçons se retournèrent et la violoniste regarda par-dessus l'épaule d'un pour apercevoir une adolescente arriver sur eux en marchant rapidement.
- Alors là quoi ? Interrogea la jeune femme amusée par la petite silhouette pleine de vie qui se dirigeait vers elle. La jeune fille passa à côté des deux jeunes hommes sans même les regarder et s'arrêta tout près de la violoniste.
- Alors là, c'était vraiment pas très bon ! La jeune femme ria et demanda pourquoi. Pourquoi ? ! S'indigna la plus petite, mais tout simplement parce que tu ne m'as même pas dédié ce concert ! La violoniste ria à nouveau et attrapa la jeune fille pour la serrer dans ses bras. Quelque instant plus tard, la jeune fille repartait avec deux sacs en main, la jeune femme mit sa veste et regarda les deux jeunes hommes qui n'avaient pas bougé. Sentant qu'ils allaient se quitter là, sans, sûrement, jamais se revoir, il reprit vie et se dit qu'il ne pouvait la laisser partir sans lui dire au moins une chose sur son concert qu'il avait plus qu'aimé.
- C'était vraiment un concert… très émouvant. La jeune femme sourit timidement, s'approcha de lui et déposa un baiser sur sa joue. Elle le regarda ensuite dans les yeux et murmura.
- Merci.
Puis elle partit, sans se retourner.
++++
Bon euh… déjà le titre c'est… jvous explique le petit chemin de mes pensées : je voulais un titre avec Eternal dedans (me demandez pas pourquoi, c'est au feeling) et y'a ce film que j'ai vu ya quelque temps, que j'avais bien aimé, Eternal sunshine of the spotless mind (me demandez pas la traduction du titre, je comprends chaque mot mais le tout ensemble…) alors voilà, j'ai mis ça… Bah je suis toujours (ou presque) ma première pensée pour mettre les titres.
Bref pour l'histoire, c'est une scène qui m'est venue ce soir et comme je n'avais rien d'autre à faire et que, bizarrement, j'avais envie d'écrire, alors voilà quoi…
Je ne suis pas pleinement satisfaite du résultat, surtout de la fin, ça donnait mieux dans ma tête, en même temps, j'avais de vrai personnage pour la jouer sous mes yeux (euh oui, toujours dans ma tête) donc y'avait plus d'émotion… Mais bon, j'ai beau être perfectionniste, je peux pas tout faire à la perfection.
J'espère quand même que ça vous plaira^^
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